les vraies sectes

Cet article est extrait du fanzine Gran Gaudi #04 paru en 2003.

Lorsqu’un individu sort de la secte, il est à nouveau confronté à sa propre personne. Il doit apprendre à reconnaître ce que la secte a changé en lui pour s’en débarrasser et ainsi redevenir lui-même. C’est un travail difficile à réaliser seul.

Se retrouver face à soi-même, c’est voir ressurgir les problèmes d’avant la secte?

Il faut gérer la honte, la frustration ou la rage de s’être laissé influencé, et d’être devenu dépendant de la secte, au point d’y rester volontairement.

Il faut apprendre à oublier les valeurs, les espérances et les idéologies de la secte.

Il découvre qu’il a besoin de combler un désir de relation et un besoin affectif énorme : après la secte, certains n’ont plus ni famille, ni amis.

Il doit subir la pression de la secte qui veut récupérer l’ancien adepte : violence physique, menaces et pressions psychologiques par le harcèlement téléphonique, les injures, les diffamations publiques en révélant d’informations divulguées lors d’entretiens dans la secte.

Il se retrouve à affronter la solitude après avoir été habitué à la vie en communauté.

Il rencontre des difficultés pour retrouver un emploi, un logement ou une couverture sociale suite à l’endettement causé par la secte : pas de fiche de paie, pas de justificatif de domicile, ou insolvable.

Il tente de se faire de nouveaux amis et essaye de gagner la confiance de tout à chacun : affronter la méfiance de ceux qui connaissent son passé sectaire.

A ce jour les initiatives privées et les associations à but non lucratives sont les plus mobilisées pour accueillir et soutenir ceux et celles qui tentent de se reconstruire.

En fin de compte, l’ancien adepte a besoin du soutien d’un nouveau groupe pour s’intégrer, dans la communauté qu’est notre société.

D’une manière ou d’une autre, nous devons faire partie d’un groupe (famille, religion, travail, amis loisirs) car c’est notre contact avec nos congénères qui participe à notre épanouissement émotionnel.

La seule différence avec une secte, c’est qu’elle bride cet épanouissement en convaincant l’adepte que le contact avec le monde extérieur leur sera nuisible.

Pour vous renseignez, vous pouvez consulter l'organisation UNADFI : Union nationale des Associations de Défense des Familles et de l’Individu victimes de sectes

Cet article a été publié dans le troisième numéro du fanzine Gran Gaudi sorti en 2002.

Les organismes qui ont recours à la formation continue comme les hôpitaux, les entreprises et les écoles sont régulièrement confrontés aux sectes, bien souvent sans le savoir.

C’est pourquoi il faut être vigilant vis-à-vis des organismes de formation qui ont un rapport avec des techniques de développement personnel, de relaxation ou de dynamisme de groupes.

Pourquoi les sectes s’intéressent à certaines entreprises ?

Depuis près de 50 ans d’existence, (la 1ère loi relative à la formation professionnelle date de 1971), le marché de la formation a acquis un poids financier considérable. C’est d’autant plus alléchant pour les sectes car les montants en cause sont renouvelables chaque année.

L’influence des sectes dans ce domaine prouve donc le rôle qu’elles désirent jouer dans le monde économique. L’obtention d’un contrat de formation leur permet d’accéder à une société et aux personnes qui y ont un poste central.

La formation peut alors s’avérer une manière de susciter de nouveaux adeptes avec, en bonus, un accès à des informations stratégiques sur les activités d’une société.

Le principe de la formation continue est l’occasion pour une secte de mettre en application les programmes de manipulation mentale élaborés. Cet exemple illustre les excès auxquels le système de formation continue peut aboutir.

Les formations au développement personnel

Les formations au développement personnel sont une cible privilégiée car la définition du Code du travail est ambiguë : article L900-1, la formation professionnelle doit permettre « l’adaptation des travailleurs au champ des techniques et des conditions de travail [...] par l’accès aux différents niveaux de la culture et de la qualification professionnelle et leur contribution au développement culturel, économique et social.»

Mais de quel développement s’agit-il ?  Celui de l’individu, de l’entreprise ou de la société en général ?
 

Pour en savoir plus...

Vous pouvez consulter les articles suivants sur le sujet :

1.  France Info

Article de février 2013 - Formation professionnelle : gare aux sectes

Extrait : "Comment identifier un risque de dérive sectaire dans un stage ou une formation ?

La Miviludes cite plusieurs critères :

- la déstabilisation mentale ;

- le caractère exorbitant des exigences financières ;-

- la rupture avec l'environnement d'origine ;

- l'existence d'atteintes à l'intégrité physique ;

- l'embrigadement des enfants ;

- le discours anti-social ;

- les troubles à l'ordre public ;

- l'importance des démêlés judiciaires ;

- les tentatives d'infiltration des organisations"

2. UNADFI (Union nationale des Associations de Défense des Familles et de l’Individu victimes de sectes)

Article de novembre 2014 - Formation professionnelle : une mine pour les sectes

Extrait : "Le secteur du coaching est particulièrement visé, conséquence d’une « explosion » de la demande des dirigeants d’entreprises ou des salariés eux-mêmes. Il existe pourtant un écart entre les services proposés et la réalité. En effet, ceux qui se prétendent « coachs » sont pour la plupart absents du répertoire des organismes de formation ou bien encore ne sont pas connus par les services de l’Etat…"

3. AEF Info (groupe de presse professionnelle numérique)

Article de mars 2021 - Les mouvements sectaires toujours actifs dans les champs de la formation et du travail

Extrait : "Par ailleurs, "en 2019, 20 à 25 % des [signalements] portent sur des personnalités ou des organisations sur lesquelles la Miviludes n’avait encore jamais été interrogée". Des chiffres qui, selon le rapport, "confirment la prégnance du risque de dérive de nature sectaire, son caractère diffus, avec de très nombreuses petites structures comprenant moins de 50 adeptes". "La constitution du groupe autour d’une personnalité séduisante et prédatrice se réalise sur des activités de plus en plus éloignées de la recherche spirituelle ou philosophique, mais qui promettent à l’adepte de surmonter ses vulnérabilités ou de lui donner les clés de la réussite, du bonheur absolu, voire de l’éternité."

Pour vous renseignez, vous pouvez consulter l'organisation UNADFI : Union nationale des Associations de Défense des Familles et de l’Individu victimes de sectes

Cet article est extrait du fanzine Gran Gaudi #02 paru en 2000. 

Dans nos sociétés matérialistes, les sectes font à la fois peur et envie

    Peur, parce qu’elles touchent à l’irrationnel, s’entourent de mystères, d’occultisme. Ces pratiques et ces rites étranges conduisent à la manipulation mentale, à la dépendance totale de l’adepte à un gourou ce qui peut aller jusqu’à l’escroquerie financière ou le suicide collectif.

    Envie, parce qu’elles promettent une spiritualité avec de nouvelles formes souvent importées d’autres religions ou culture.
     L’humain a toujours ressentit un besoin religieux qui lui permet de donner un sens à sa vie. La culture moderne et technique a déçu nos contemporains et n’apporte pas de réponse aux problèmes qui semblent insolubles comme l’explosion démographique, les guerres, le chômage, etc.

    Mais face à la profusion des sectes, les médias ont amplifié le phénomène. Il devient difficile de discerner le mouvement religieux ou groupe sectaire dangereux.
    Toutefois, il ne faut pas pour autant lancer une chasse aux sorcières et interdire tout regroupement à caractère spirituel. 
    Après tout, les musées sont remplis de divinités que l’homme s’est créées.

    On ne peut empêcher les individus de vouloir croire en quelque chose qui les dépasse.
 Dans le cas de groupes religieux malhonnêtes, il faudrait apprendre à reconnaître les critères qui peuvent éviter de se laisser endoctriner par le discours séduisant des sectes. 

Le plus compliqué peut être de réussir à faire la part des choses entre trouver une foi personnelle qui amène à une certaine paix intérieure, et subir une croyance qui aboutit à l’illusion, l’isolement des autres et parfois  à la mort.

Les différentes caractéristiques qui permettent de reconnaître un groupe religieux d’une secte

1. LE RECRUTEMENT

La secte cherche à capturer l’individu en utilisant ses points faibles du moment. Elle séduit par des promesses et des techniques d’accrochage. 

Elle avance en cachant sa véritable identité. Elle trompe en organisant des conférences sur des thèmes attractifs, mais qui ne servent, en fait, qu’à repérer ses victimes. les responsables d’une secte sont difficiles à identifier et ils ne veulent pas se déclarer officiellement.

2. L’ENDOCTRINEMENT

La secte privilégie le groupe au dépens de l’individu, la magie au dépens de la science et endoctrine la personne qui ne vit plus comme elle l’aurait fait auparavant, après réflexion.

Le mimétisme du groupe remplace toute analyse critique ou remise en question. L’adepte est progressivement immergé dans un langage ésotérique ou pseudo-scientifique.

L'environnement quotidien emprunte des noms mystiques.

3. LA RUPTURE AVEC LES ATTACHES TRADITIONNELLES

Le nouvel adepte a l’impression que le groupe le comprend bien, qu’il est introduit dans un milieu épanouissant, enrichissant et sécurisant qu’il cherchait depuis longtemps.

Il va se consacrer de plus en plus à la secte et rompre avec ses attaches habituelles : famille, milieu social, collègues de travail.

Il peut en arriver à considérer la secte comme plus importante que sa famille et devient alors captif, puisqu’il prend la secte pour référence unique de sa vie.

4. L’ENFERMEMENT

Une secte est fermée : on ne peut y entrer librement, ni en sortir sans subir de fortes pressions, des intimidations, ou des menaces de représailles.

Les réunions ne sont pas ouvertes au public. Tout contact avec l’extérieur est interdit parce qu’il risquerait de développer un jugement critique.

De plus, une secte se marginalise, elle n’a pas de relation avec les autres mouvements. Si elle s’implique dans la vie sociale, c’est pour recruter des adeptes et son discours est assez anti-social.

5. LE GOUROU MANIPULATEUR

    C’est, le plus souvent, un homme que les adeptes idéalisent, et à qui ils attribuent un pouvoir particulier.

    Il exerce sur eux une dictature de conscience et une déstabilisation mentale.         
Les gens ne peuvent plus décider par eux-mêmes les actes de leur quotidien ou les grandes décisions. La secte peut même organiser des mariages.

    Certains adeptes manipulés accéderont au stade suprême et deviendront manipulateurs à leur tour.

6. L’ASSERVISSEMENT FINANCIER

    Une secte sert souvent à l’enrichissement de certains responsables, avec des financements plus ou moins occultes. 
    Pour en devenir membre, ou suivre des cours, il faut payer parfois de fortes sommes, ou devenir redevable d’une dette qui servira à maintenir la dépendance.

    La paix intérieure et l’épanouissement ne sont réalisables qu’au moyen de stages, sessions, séminaires qui exigent toujours plus de temps et d’argent.

7. APOCALYPSE ET FIN DU MONDE

    Certaines sectes entretiennent un climat de peur par rapport à la fin du monde, et autour de catastrophes qui précéderaient le retour de Christ. 

    Elles vont parfois jusqu’à prédire une date exacte annonçant la fin du monde. Cela devient une obsession. Elles prêchent l’avènement d’une ère nouvelle et idéale.

    Certaines voient dans la mort la seule issue pour une libération.

8. IDEOLOGIE PERNICIEUSE

L’idéologie d’une secte part d’une religion classique, mais elle y ajoute des spécificités.

    Par exemple, sous couvert d’une apparente piété, elles ajoutent à la Bible des écrits, des soit-disantes révélations supérieures pour la manipuler, en tordre le sens, la déprécier ou même la remplacer.

    Les adeptes pensent qu’ils détiennent toute la vérité, qu’ils sont les seuls à l’avoir, et s’isolent du reste de la société. Seule une minorité d’adeptes est sauvée, tous les autres sont des hérétiques. 

Vous pouvez consultez le site gouvernementale de la Miviludes (Mission Interministérielle de Vigilance et de Lutte contre les Dérives Sectaires) pour trouver les coordonnées de ses contacts dans votre région.

Cet article est extrait du fanzine Gran Gaudi #01, rédigé en 1999.

Ce n'est qu'une première approche de ce vaste sujet.

Qu’est-ce qu’une secte ? 

D’après le dictionnaire il y a 3 définitions possibles :
1. ensemble de personnes professant une même doctrine (philosophique, religieuse, etc.) 

2. groupement religieux clos sur lui-même et créé en opposition à des idées et à des pratiques religieuses dominantes 

3. clan constitué par des personnes ayant la même idéologie (dans un parti politique par exemple).

Ici c’est la seconde définition qui nous intéresse !

Le principal problème d’une secte religieuse est sa légalité : le bouddhisme  ou le christianisme sont à l’origine des sectes. Un petit groupe d’individus pensaient autrement et ont su convaincre les foules d’adopter leur point de vue et leur culte. Elles sont alors passées au stade de religion, terme pompeux qui désigne la promotion de la secte à un état reconnu et toléré par la majorité.

Pourquoi tant de méfiance envers les sectes ? 

Mais alors pourquoi persécuter ces  sectes qui fleurissent un peu partout à travers le monde? Ne détiennent-elles pas une part de la vérité elles aussi? Pourquoi faudrait-il croire ce qui est écrit sur Jésus ou Mohammet et se méfier d’un Rael ? Jésus aurait-il tout autant convaincu les masses populaires s’il avait pu montrer ses miracles dans une émission télé à heure de grande écoute ? Cela revient à trouver la différence entre la foi et l’arnaque religieuse. 

Ce qui inquiète à propos de ces sectes contemporaines, c’est la place prédominante de l’argent et les tragédies qui se sont produites. De ce côté, les médias n’attendent plus qu’un drame se produisent pour aborder le sujet. Une information plus régulière est amenée dans le cadre d’émissions destinées au grand public, ce qui contribue à éveiller l’esprit critique. De même, le monde de l’édition se mobilise également avec des ouvrages de qualité sur ce thème. 

On assiste à une prise de conscience croissante du phénomène. Ainsi, certains grands établissements d’enseignement supérieur comme l’Ecole Nationale de la Magistrature, l’Ecole supérieure des cadres de l’Education Nationale et les IUFM ont introduit des modules sur les sectes dans leur cursus de formation.

Cette mobilisation a 2 effets positifs : elle a permis aux Français de mesurer l’ampleur du phénomène qui ne leur apparaît plus comme un fait anodin. Ils ont découvert que les sectes s’enracinent profondément dans le tissu social et constituent une question importante au sein d’une collectivité. Le second effet a pour conséquence de dévoiler la présence des sectes dans des domaines où, a priori, on ne les attendait pas : les médecines parallèles, le soutien scolaire, l’entreprise et le développement personnel. 

Le caractère politique de la secte

Cependant, il ne faut pas se limiter à l’extension de mot “secte” afin d’éviter qu’il devienne un fourre-tout, un mot-valise. En effet, à mesure que le regard s’élargit lorsque l’on constate l’omniprésence des sectes, on a tendance à réduire le concept de secte. 

La définition du dictionnaire n’est alors plus suffisante pour distinguer la simple “dissidence religieuse” de la manipulation mentale. 

Bien au contraire, il apparaît que la secte possède un caractère politique. Aux yeux d’un nombre croissant d’observateurs, la secte se trouve être un microcosme politique. 

La secte est une sorte de laboratoire où sont explorées des alternatives radicales à la démocratie. 

C’est un totalitarisme en miniature, un lieu de domination et de non-droit, favorisant les atteintes aux libertés individuelles et les agissements criminels. 

Mais alors, en connaissance de cause, comment expliquer que tant de personnes acceptent cette servitude volontaire?

A quels besoins répond la secte ?

La question des sectes conduit invariablement à une interrogation sur les motivations des individus, et par extension à une interrogation sociologique. 

Bien que chaque cas soit particulier on peut relever 7 types de besoins :

- le besoin de spiritualité > il présente 2 traits majeurs : un refus des 
religions établies et une nette préférence pour les pratiques spirituelles impliquant le corps

- le besoin d’idéologie > c’est-à-dire, le besoin d’une représentation totalisante du monde et de l’aventure humaine. Les sectes reprennent souvent l’idéologie du New Age.

- le besoin d’une réponse  aux grandes questions scientifiques et métaphysiques de notre temps > d’où venons-nous ? de quoi sera fait demain? quel est le sens de la vie ?

- le besoin d’appartenance et d’enracinement > il est accentué par la désagrégation du lien social

- le besoin de médecines parallèles et holistiques (=relatif à l’holisme, soit une doctrine épistémologique, la partie de la philosophie qui s’occupe de l’Histoire, selon laquelle, face à l’expérience, chaque énoncé scientifique est tributaire du domaine tout entier dans lequel il apparaît)

- le besoin de se protéger contre le mal > sous toutes ses formes (mal subi et mal commis, maladies organiques, catastrophes planétaires, immoralité, influences maléfiques, etc) dans un contexte de crise où est apparue une véritable mystique du mal

- un besoin de développement personnel

Les sectes sont au croisement de ces multiples demandes.

De ce fait, elles constituent un véritable révélateur des insuffisances et des frustrations de notre société. 

Vous pouvez consultez le site gouvernementale de la Miviludes : Mission Interministérielle de Vigilance et de Lutte contre les Dérives Sectaires.